Rencontre du 28 janvier 2024 avec
Isabelle Cegielka aumônière au Centre fermé de Vottem Dates suivantes : 25 février - 24 mars - 14 avril - 25 mai Les we dernier nous fêtions l’Epiphanie, la visite des mages venus d’Orient et, tout au long de ce mois de janvier, le cinéma Le Parc programme le film Io capitano qui raconte l’histoire de deux jeunes Sénégalais candidats à l’exil. Film inspiré du parcours de Fofana Amara, jeune Guinéen sans papier installé à Liège… voilà pourquoi les invités du prochain dimanche du Houmier seront Isabelle Cegielka et Etienne de Ghellinck, tous les deux aumôniers au Centre fermé pour illégaux de Vottem.
Isabelle et Etienne partageront avec nous ce qui a motivé leur engagement et ce qu'ils vivent lors des rencontres au centre fermé de Vottem. Reflets de la rencontre
Crée du lien humain… Isabelle est là devant nous, joyeuse, souriante, dynamique. On a l’impression qu’avec elle, tout est boutade, sujet à rigoler, à raconter et pourtant le monde vers lequel elle a choisi d’aller est un monde sombre, enfermé, méconnu. On en a entendu parler mais il reste loin de nous, nous voulons, inconsciemment peut-être, le laisser derrière nous car il nous fait peur et souligne notre impuissance. C’est le monde des étrangers, des réfugiés, des migrants qui « résident » dans le centre fermé de Vottem pour illégaux car aucun sésame, aucun papier ne leur est donné pour continuer à vivre en Belgique. Alors que, parfois, ils étaient chez nous depuis plus de dix ans, avec leur famille, et, de petits boulots en petits boulots, essayaient de refaire leur vie tant bien que mal jusqu’au jour où… coincés, sans papier, ils sont enfermés à Vottem. Isabelle est issue d’une famille où le social et le politique occupent une grande place et pourtant, elle a d’abord travaillé quelques années dans une banque bruxelloise spécialisée dans les dépôts d’actions, d’obligations et fonds d’investissement avant que les millions brassés là bas ne l’écoeurent… Ce qui l’intéresse, c’est créer du lien humain. Une petite annonce lue dans le périodique En Marche capte son attention, elle est publiée par l’évêché de Liège qui recherche une responsable pour la pastorale des migrants. Elle n’hésite pas longtemps, pose sa candidature et est acceptée. Commence alors une nouvelle vie professionnelle qui correspond beaucoup plus à ses aspirations. Elle devient aumônière au Centre fermé de Vottem, reçoit les mêmes formations que les aumôniers de prison. Son travail se divise en deux pôles : les visites qu’elle rend à ces hommes enfermés dans des conditions presque inhumaines et les témoignages qu’elle apporte dans les associations et écoles pour tenter de lutter contre le racisme, contre cette peur que l’étranger suscite. L’objectif d’Isabelle : changer le regard des gens, créer des ouvertures, organiser des débats pour que ces étrangers qui n’ont souvent comme seules excuses d’être chez nous que de fuir la guerre, la famine, la misère, puissent espérer un jour être regardés autrement. La foi d’Isabelle, nous dit-elle, est nourrie par ces rencontres. Cliquer sur ce lien pour lire la suite du reflet Io capitano
“Matteo Garrone a pris des risques, a étudié son sujet, a tourné un film qui devrait être montré dans toutes les écoles et à tous les niveaux, ainsi qu’aux politiciens et à tous ceux qui affirment que les pauvres gens sur leurs barcasses n’arrivent pas ici parce qu’ils ont faim, mais pour voler le travail (très mal payé au demeurant) et les femmes des ‘vrais Italiens’.”"Pour pouvoir raconter de l’intérieur cette aventure pleine de dangers, il était nécessaire que je me plonge dans leur monde, si éloigné du mien", dit Matteo Garrone. Le cinéaste s'est alors entretenu avec ces jeunes, malheureusement familiers avec les étapes que constituent la fuite vers un monde dit meilleur. "Aujourd’hui, le film me permet de raconter ma souffrance mais aussi celle d’autres personnes qui sont mortes dans le désert libyen et lors de la traversée de la mer Méditerranée. C’est aussi et surtout un moyen de toucher les consciences à l’international et engendrer, peut-être, une forme de changement", confie Mamadou Kouassi, consultant pour le scénario. Tout commence à Dakar. Malgré l’interdiction de sa mère, Seydou prend le chemin de l’Europe, sur l’insistance de Moussa (incarné par Moustapha Fall). S’élançant dans un voyage dont ils n’imaginent pas les périls, les deux cousins partent “en secret et finissent par se perdre” à travers déserts et mer, au péril de leur vie. Vottem, c’est une prison,
même si l’administration fait tout pour qu’on n’ait rien à lui reprocher… Le centre pour illégaux de Vottem (CIV) a été construit à côté de la caserne militaire de Vottem, près de Liège. Il est opérationnel depuis mars 1999. Il dispose de 160 places. Environ 930 personnes y sont détenues chaque année. Depuis 2003, Éric Wynants est visiteur au centre fermé de Vottem pour l’association “Point d’appui”. Ayant également travaillé en prison, il raconte qu’il n’a pas été “dépaysé” en arrivant à Vottem, la structure du centre fermé étant tout à fait carcérale. “Avant de pouvoir entrer dans la “section” où je vais rencontrer les détenus, il faut franchir sept grilles !”. Après sept ans de visites à Vottem, le sentiment le plus prégnant est celui d’une grande impuissance. Il raconte que beaucoup d’autres visiteurs n’ont pas résisté à cette sensation de ne rien pouvoir faire de réellement utile pour les détenus. “Nous sommes perçus par les détenus comme des sauveurs. Quand on arrive, on est souvent accueilli par “Ah, voilà les droits de l’Homme!”. Mais ils ne se rendent pas compte que le système affreux dans lequel ils sont coincés est inscrit dans la loi et qu’on ne va pas pouvoir les “sauver”. Leurs attentes sont donc déçues, ils nous demandent pourquoi on vient si on ne peut pas les tirer de là, et nous traitent parfois de voyeurs…”. Éric retient aussi la souffrance générale qui se perçoit à l’intérieur du centre, due à la privation de liberté, à l’incertitude, au fait que, contrairement aux prisons, il n’y a pas de date de “fin de peine” en centre fermé. Deux moments, deux personnes l’ont particulièrement marqué. D’abord le choc de voir arriver des enfants dans le centre, début 2006. Il se souvient d’une petite fille d’environ trois ans, accrochée aux grilles de sa “section”, et de ses parents effondrés dans leur cellule. Il se souvent aussi d’un Guinéen qui avait résisté à une troisième tentative d’expulsion. Il avait été envoyé directement à l’hôpital suite au tabassage subi dans les cachots de l’aéroport et en était revenu s’appuyant sur des béquilles… Propos recueillis par Laurence Vanpaeschen https://www.cire.be/le-centre-ferme-de-vottem/ Un choix de société
"Il suffit de regarder les chiffres pour constater que nous ne sommes pas envahis par les migrants. Pourtant, on oppose toujours les travailleurs aux chômeurs, les chômeurs aux chômeurs-tricheurs, les pauvres - ou plutôt ‘nos’ pauvres - aux étrangers", lance Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. Cette opposition aurait dû, selon elle, être brisée par la gauche. "Mais on sent qu’il y a une peur, une prudence pour ne pas perdre de l’électorat par-ci et regagner de l’électorat par-là. Résultat : la gauche slalome sur une espèce d’entre-deux. Au Réseau wallon, on doit tout le temps travailler pour empêcher que les gens ne tombent dans ce piège. Beaucoup disent que c’est ‘à cause de l’étranger’. Celui qui vient prendre du travail, de l’argent, qui aura un logement en premier, etc. Il faut déconstruire cela pour leur faire comprendre d’où viennent les problèmes qu’ils vivent et d’où devraient venir les solutions…. Et pour enrayer ce qui est cultivé par certains de manière extrêmement active aujourd’hui. Je ne veux pas mettre tout le monde dans le même sac, des initiatives existent. Mais on ne peut pas dire qu’un parti ou qu’une grande personnalité politique ait mis la réduction des inégalités au cœur des politiques publiques. On reste sur des solutions palliatives, des opérations sparadrap. Et plus on investit dans le palliatif, moins on investit dans les droits structurels et fondamentaux. Et ça, c’est un cumul depuis des années. Ce n’est pas le fait d’une couleur politique, d’un seul parti ou d’une législature. C’est un choix de société." Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté https://www.rwlp.be/index.php/ressources/medias/754-interview-de-christine-mahy Migration et dangerosité
Nous avons fini par intégrer le discours de la peur qui associe migration et dangerosité. D'autant que ces migrants, nous les croisons et les voyons comme des spectres qui viennent nous happer et nous donner mauvaise conscience. Nous cherchons donc à les faire disparaître de notre regard. À cela s'ajoute le règne de l'égoïsme individuel qui marque nos sociétés. Nous ne portons plus de projets collectifs aujourd'hui, seulement des projets individuels, ou alors - comme dit Jean-Michel Ribes quand il présente mon récit - "tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut sauver les migrants". Bien sûr, nous avons bien des raisons de nous battre pour le climat, mais ces causes occultent souvent les souffrances immédiates des personnes qui crèvent de froid, de faim et de maladies. Je pense enfin que ce processus qui consiste à détourner le regard repose également sur un sentiment d'impuissance individuelle et collective devant l'enjeu de la migration. Eric Fottorino, écrivain, journaliste, interrogé par Bosco d’Otreppe, La Libre Belgique du 22/02/2022 Allemagne : Projets de “remigration”
Une réminiscence du nazisme Le 25 novembre 2023, dans un petit hôtel proche de Potsdam, des membres du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), d’une organisation ultraconservatrice du parti chrétien démocrate (CDU) ainsi que des représentants de la mouvance Identitaire se sont réunis en secret pour édifier des projets de “remigration”, en cas d’arrivée au pouvoir de l’AfD. D’après Correctiv, les participants y ont débattu du déplacement, de force si nécessaire, de jusqu’à deux millions de demandeurs d’asile, d’étrangers présents sur le territoire avec des titres de séjour et d’Allemands d’origine étrangère “non assimilés”. Lors de cette rencontre, le président du groupe parlementaire de l’AfD au Parlement de Saxe-Anhalt – l’un des bastions du parti d’extrême droite – aurait prôné l’importance de “préparer le terrain” pour ce “projet de plusieurs années”, via le soutien des médias sociaux et en mettant la pression au quotidien sur les personnes ciblées. D’autres éléments devraient être rendus publics ce mercredi soir par le magazine Correctiv, qui voit dans ces plans “un avant-goût de ce qui pourrait se passer si l’AfD arrivait au pouvoir. ” https://www.lalibre.be/international/2024/01/17/en-allemagne-les-projets-secrets-de-remigration-de-lextreme-droite-font-scandale-une-deuxieme-conference-de-wannsee-7SYYWIX66BFZNGIHF5HR56I2Q4/ Fatou Diome
Depuis l’âge de 13 ans, Fatou n’a jamais cessé d’écrire. Son premier recueil de nouvelles a été publié grâce à un ami. Elle a cru à une blague. Depuis, ses livres s’enchaînent. Libre, elle tient un discours inédit à l’égard de ses amis africains : ne venez pas en Europe. Par amour, par compassion, par solidarité, elle leur demande de rester chez eux : “Ne perdez pas votre dignité.” Élue récemment membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Interview par Francis Van de Woestyne Vous dites à vos amis sénégalais, mais aussi à l’ensemble des migrants : “Restez chez vous, ne venez pas en Europe.” Cela me vaut toujours une volée de bois vert… Les études m’ont donné une clé pour le monde. Le problème est que beaucoup de migrants viennent sans maîtriser la langue, sans formation. Ils se mettent en danger parce qu’ils ne peuvent pas se défendre dans le milieu hostile qu’ils vont rencontrer. Quand je leur demande de rester, c’est par amour, par compassion, par solidarité. Si mon frère sénégalais se retrouve dans les rues de Strasbourg par ce froid, je préfère qu’il soit dans son village, au soleil, au Sénégal, qu’il voie ses cousins, ses cousines, ses tantes. Quand il a le blues, quelqu’un de sa famille est à côté de lui. S’il vient ici, c’est la solitude, la misère. C’est pour protéger leur dignité humaine, pour sauver leur vie, pour ne pas les mettre en danger que je dis cela. Si un “Blanc” tenait ce même discours, on le dirait raciste… Oui, je sais. Certains racistes traitent les migrants comme des chiens. Mes arguments ne sont évidemment pas ceux de l’extrême droite. Mais moi, je peux le dire à mes amis africains : au lieu de galérer en Europe, de dormir dans les rues, restez chez vous au soleil. Certains laissent dans leur pays une maison plus jolie que les trous pourris où ils dormiront ici. Le problème est que certains émigrés racontent des mensonges sur la vie qu’ils ont construite en Europe. Ils font un crédit pour acheter un billet d’avion, un beau jeans, des lunettes Ray-Ban, une fausse Rolex… Ils mettent les pectoraux en évidence et font croire qu’ils sont heureux ici alors qu’ils ont bouffé des pâtes et des patates toute l’année. Cela fait rêver ceux qui veulent partir. Moi, je dis la vérité. La façon la plus digne de voyager est de voyager libre, pas de mourir sur des embarcations au large de Lampedusa. Mais vous dites aussi aux Européens : arrêtez de dire aux Africains qu’ils doivent rester chez eux. Oui, parce qu’en même temps, les Européens leur prennent le pain de la bouche. Quand j’étais petite, nous vivions très bien, tout le monde mangeait à sa faim. Maintenant, les grands chalutiers et autres bateaux de pêche français, chinois, japonais viennent pêcher jusque dans notre estuaire. Quand je retourne dans mon pays, je ne trouve plus une tranche de thon frais. À Strasbourg, dans mon supermarché, je trouve des boîtes de thon où il est mentionné : origine Sénégal. Il faut arrêter cela. Fondamentalement, chacun a envie de rester dans le pays où il est né. L’Europe, je l’aime, mais je lui en veux pour son double langage. On ne peut pas dire qu’on veut aider l’Afrique à se développer et continuer à la vider de ses ressources et à laisser les multinationales travailler chez nous alors qu’elles ne paient pas leurs impôts en Afrique. Avec quoi voulez-vous que l’Afrique se développe ? Avec quoi retenir les Africains dans leur pays pauvre ? Ils vont vers le grenier. Ils viendront submerger l’Europe si c’est une nécessité vitale. Les Irlandais ont fui leur pays pour l’Amérique quand ils ont souffert de famine. https://www.lalibre.be/debats/opinions/2024/01/14/je-dis-a-mes-amis-africains-ne-venez-pas-en-europe-CRHAMUYVAFBLTGQRDANEEDLZVA/ De 1851 à 1860 le nombre d'immigrés irlandais est proche du million, en effet on recense 914 119 Irlandais immigrants aux Etats-Unis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Migrations_irlandaises_aux_%C3%89tats-Unis Les statistiques officielles évaluent entre 185 et 192 millions le nombre de migrants internationaux pour les années 2000, pour les personnes ayant quitté leur pays pour vivre et se fixer dans un autre pays pour au moins un an. https://fr.wikipedia.org/wiki/Migration_humaine#:~:text=Une%20migration%20humaine%20est%20un,pour%20au%20moins%20un%20an. Plus de 2 500 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en Méditerranée en 2023, selon l’ONU. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/29/plus-de-2-500-migrants-morts-ou-disparus-en-mediterranee-depuis-le-debut-de-l-annee-selon-l-onu_6191504_3212.html Il est estimé que près de 28 000 migrants ont disparu ou perdu la vie en Méditerranée depuis 2014. Valentine Fourreau, 15/08/2023 https://fr.statista.com/infographie/30603/migrants-morts-noyade-mediterranee/#:~:text=Avec%20plus%20de%2020%20000,vie%20en%20M%C3%A9diterran%C3%A9e%20depuis%202014. Environ 5.000 migrants se trouvent dans les centres de détention officiels en Libye mais ils ne représentent que la face cachée de l'iceberg, a indiqué le chef de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) mercredi. https://fr.africanews.com/2023/03/09/libye-5-000-migrants-dans-les-centres-de-detention-officiels-selon-lonu/ Penser la migration comme une anomalie ou un problème à résoudre empêche également de se préparer aux transformations profondes que notre monde connaîtra ces prochaines décennies.
D’ici 2050, l’ONU annonce 250 millions de réfugiés climatiques. Actuellement, 85% des événements environnementaux extrêmes qui poussent les populations à l’exil sont déjà liés au réchauffement de la planète. Ainsi, il est temps d’envisager la protection internationale non seulement en vertu de la justice sociale, mais également sous le prisme de la question environnementale. https://www.laicite.be/asile-et-migrations-la-belgique-se-deshonore/ Adam et Eve, Noé, Abraham, Joseph...
Dans les récits fondateurs, le sujet migratoire est omniprésent. À commencer par Adam et Ève, expulsés du Paradis, ils vivront comme des étrangers dans le monde. Noé, réfugié climatique, fuira un monde qui sera détruit et auquel il ne peut même plus aspirer retourner, pour aller vers une terre nouvelle que sa descendance sera appelée à peupler et à y migrer. D’ailleurs, ceux qui migreront sont les bénis du Seigneur (Gn 9, 18-29..) Le texte de la tour de Babel (Gn 11, 1-9). évoque lui aussi une dispersion, étant en elle-même une migration, en faisant de la diversité des groupes de migrants un point central du récit. La figure d’Abraham, père du peuple des Hébreux et de ceux qui ont foi au Dieu unique, a lui-même migré d’Ur à Haran, et ensuite de Haran vers la terre que le Seigneur lui indiquera : « Le Seigneur dit à Abram : “Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir (Gn 12, 1).» La promesse d’une terre et d’une descendance est à la source de cette migration d’Abraham. La promesse se complexifiera au fil de l’histoire, la terre espérée deviendra petit à petit le Royaume de Dieu, d’abord dans sa compréhension juive et ensuite chrétienne, et la descendance promise passera d’une nation des Hébreux à une descendance dans la foi. En d’autres termes, la foi eschatologique telle que les chrétiens l’ont reçue prend sa source dans le récit de migration d’Abraham. La lettre aux Hébreux mentionne à cet effet : « Dans la foi, ils moururent tous, sans avoir obtenu la réalisation des promesses, mais après les avoir vues et saluées de loin et après s’être reconnus pour étrangers et voyageurs sur la terre (He 11, 13...) » Dans la Genèse, l’histoire de Joseph n’est pas en reste. Persécuté par ses frères, Joseph se retrouvera immigrant en Égypte et de là il sera appelé à offrir l’hospitalité à ses frères qui étaient pourtant convaincus de l’avoir tué. Tout y est dans ce récit, la condition migrante du croyant, la pratique de l’hospitalité et le processus de pardon qui accompagnent les migrants dans leur pèlerinage tant sur le plan spirituel que dans les défis que pose la vie de tous les jours. Nous n’avons évoqué que des récits de la Genèse, mais la thématique de la migration est aussi présente dans le reste de l’Ancien Testament. Soulignons-en quelques-uns. D’abord l’Exode, qui est l’histoire de la migration d’un peuple vers la terre que Dieu lui a promise. C’est à la fois un aller vers une terre nouvelle et un retour vers la terre des patriarches. Le texte de Ruth qui raconte la migration d’une Moabite en terre de Juda. Les livres de Néhémie et Esdras relatant le retour des exilés de Babylone vers Jérusalem. Les prophètes racontent l’espérance, les peurs, les angoisses et la souffrance d’un peuple en exil. Plusieurs psaumes sont aussi écrits dans le contexte de l’exil. Le plus connu est probablement le Psaume 137 : Là-bas, au bord des fleuves de Babylone, nous restions assis tout éplorés en pensant à Sion. Aux saules du voisinage nous avions pendu nos lyres. Là, nos conquérants nous ont demandé des chansons, et nos ravisseurs des airs joyeux : «Chantez-nous quelque chant de Sion.» Comment chanter un chant du Seigneur en terre étrangère (Ps 137, 1-4. )? Martin Bellerose Revue Lumen Vitae, 2019/2 (Volume LXXIV), pages 135 à 144 |
Réfugié
Julien Clerc Réfugié tu as tous les droits Marcher à quatre pattes Ou au pas de l'oie Réfugié tu n'as plus de loi Plus de terre ou de combat Avoir des droits, avoir un toit Essayons un jour l'amour Le jour où chez nous tu seras chez toi Réfugié, réfugié Nous sommes tous, tous, tous Des réfugiés Bien sûr on peut t'oublier Renoncer même au passé Et abolir la mémoire Comme on ferme un livre d'histoire Avoir des droits, avoir un toit Essayons un jour l'amour Le jour où chez nous tu seras chez toi Réfugié, réfugié Nous sommes tous, tous, tous Des réfugiés Hiver, printemps, automne, été Nous sommes tous des réfugiés Sur cette Terre qui est notre Terre Qu'il faudra bien un jour partager Avoir des droits, avoir un toit Essayons un jour l'amour Le jour où chez nous tu seras chez toi Réfugié, réfugié Nous sommes tous, tous, tous Des réfugiés Nous sommes tous, tous, tous Des réfugiés Pour écouter : https://www.youtube.com/watch?v=8l7b8uEFlMY Lily Pierre Perret « On la trouvait plutôt jolie, Lily Elle arrivait des Somalies Lily Dans un bateau plein d´émigrés Qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris... Elle croyait qu´on était égaux Lily Au pays de Voltaire et d´Hugo Lily Mais pour Debussy en revanche Il faut deux noires pour une blanche Ça fait un sacré distinguo Elle aimait tant la liberté Lily Elle rêvait de fraternité Lily Un hôtelier rue Secrétan Lui a précisé en arrivant Qu'on ne recevait que des Blancs » Pour écouter : https://www.youtube.com/watch?v=cb4vwKhiYwU Où aller où ?
Chanson de Tiken Jah Fakoly Où aller où ? Où aller ? Où aller où ? Je ne sais pas où aller J’ai vendu mon bateau Ici, il n'y a plus de poisson Et j’ai vendu mon âme Il n'y avait plus d’espoir J’ai vendu ma femme, Mon amour, mes enfants Pour ne pas mourir à mon tour Où aller où ? Où aller ? Où aller où ? Je ne sais pas où aller J’ai dormi sans étoiles Ici, le ciel est noir Et j’ai volé du pain La terre était trop sèche C’est du sang qu’elle boit Et nos bras qu’elle mange C’est la faute à qui si je suis hors-la-loi Où aller où ? Où aller ? Où aller où ? Je ne sais pas où aller Et puis je suis parti Sans guide, sans boussole Et les cris de ma mère Par-dessus mon épaule J’ai pris mon élan Une fois et dix fois Sauté par-dessus les grilles comme papa Où aller où ? Où aller ? Où aller où ? Je ne sais pas où aller Prends garde disent-il La mer est une tombe Elle ne te donnera pas son bras Si tu tombes J’ai pris les vagues Au milieu de la mer qui brille Mais elles ont fait tomber toute ma famille Où aller où ? Où aller ? Où aller où ? Je ne sais pas où aller Puis, je ne me souviens plus J’ai été réveillé Par une voix sèche Qui m’a dit « tes papiers » Et puis je me souviens Que dans cet ouragan On m’a tendu la main Mais elle portait des gants Où aller où ? Où aller ? Où aller où ? Je ne sais pas où aller https://www.youtube.com/watch?v=R-B0Z1pL4LI Gibraltar
"Ceux là ne vont pas à la mer pour la mer pas pour nouer leurs rires à la gerbe des vagues pas pour cuire leur sommeil sur le sable ils sont devant la mer debout sous la nuit sans étoiles comme devant l'abîme derrière eux la terre qu'ils aiment harassée dépourvue où il n'y a de choix qu'entre la mort et la mort devant eux rien la mer immense un abîme à franchir comme on doit bien franchir le désespoir ils savent que leur barque est plus fragile qu'un rêve ils savent que là-bas peut-être à l'autre bout du vide la mer recrachera leur corps sur le sable froid ils savent debout devant la mer." Jean-Pierre Siméon, Poèmes pour grandir, Cheyne éditeur Fuyant misères et tanks "Ils arrivent "chez nous" sur notre monceau de terre Voulant juste voir grandir leurs gosses loin de la misère Voulant juste réaliser ce pourquoi ils sont nés : vivre Ils ont traversé la mer au péril des flots, à la dérive... Fliqués, tabassés, ghettoïsés, car nous ne voyons que menaces Peurs médiatisées et politisées qu’ils ne prennent "notre place"... Plutôt sauver les riches, plutôt sauver les banques Que femmes, hommes, enfants, fuyant misère et tanks Lavons nos cerveaux de Sarko, de Zemmour, Le Pen et TF1 Redevenons vivants et tendons nos mains à ces frères humains Chaque parcelle de terre appartient à chacun Migrants, peut-être le serons-nous demain..." Gérald Prévot |
Contacts :
Alain et Jacqueline HENRY de HASSONVILLE
04/344.48.81
[email protected]
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04/380.39.11
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Joëlle ROIDEAUX
joelle.roideaux@hotmail.com
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franz.hindryckx@skynet.be
Pierre-Charles LIGOT
[email protected]
Projet d’un lieu ouvert où se rencontrer pour partager nos recherches de sens.
Voir le document qui est à l'origine des "Dimanches du Houmier"
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Nous sommes quelques personnes désireuses de créer ensemble un lieu où nos différentes conceptions du sens à donner à nos vies et à la vie en société sont mises en dialogue avec les évangiles, les événements du monde, nos lectures, nos rencontres… dans un climat d'écoute et d'échange.
Une forme de célébration qui nous ressource, une halte offerte 4 ou 5 fois au fil de l’année.
Nous nous adressons principalement aux jeunes adultes de 25 à 40 ans.
Pas de pré-requis (être croyant en Dieu…) sauf celui d’être curieux, ouvert, en quête... et convaincu que le partage et la confrontation dans le dialogue permettent de devenir plus autonomes et humains.
Alain HENRY de HASSONVILLE, Charles REUL, Franz HINDRYCKX,
Jacqueline CALEMBERT, Jean DEWANDRE, Joëlle ROIDEAUX, Pierre-Charles LIGOT
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Adresse du jour
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