Vivre avec passion
Qu'est-ce qui vous passionne ? Qu'est-ce qui vous concerne profondément ? Rencontre du 21 mai 2023 Camille et Fanny, Infirmières de rue Camille et Fanny, deux maraudeuses
Les mots, tout comme les humains, n’ont pas toujours des domiciles fixes. C’est bien le cas pour « la maraude ». Autrefois il désignait l’action des gueux et des coquins qui rôdaient à la recherche de denrées alimentaires ou de menues choses à chaparder. Aujourd’hui, c’est un mot qui désigne les personnes qui sillonnent les villes à la rencontre des plus démunis. Nos deux invitées, Camille et Fanny, maraudent dans les rues du centre de Liège et dans le quartier des Guillemins pour rencontrer les personnes qui y vivent. « J’allais à l’école au centre de Liège, nous dit Camille, et je ne me suis jamais aperçue qu’il y avait des sans abris. C’est un monde qu’on nous cache quand on est enfant et ados et on n’entre pas en relation, par peur… » Quel chemin parcouru depuis lors ! Au point de dire aujourd’hui : « Quand on les rencontre, on trouve des personnes géniales… » Camille et Fanny sont toutes deux infirmières, diplômées en Santé communautaire. Camille a d’abord travaillé au sein d’une association qui vient en aide à des personnes en situation de prostitution. Fanny a d’abord travaillé dans un projet de relogement des personnes sans abris. Mais ces deux copines, inséparables, ont pris conscience qu’à Liège il y avait un grand manque et que toute une population n’avait pas accès aux soins de santé. Elles ont donc décidé de créer une passerelle entre les personnes de la rue et les services existants qui sont adaptés à leurs besoins. D’où la mise sur pied d’un service mobile infirmier, l’asbl SMI-Le. Camille et Fanny nous en parleront avec enthousiasme. Elles nous partageront ce qui les anime au plus profond et qui donne sens à leur vie. Et nous découvrirons aussi la richesse de ce qu'elles vivent lors des rencontres avec les personnes sans domicile fixe. L'approche de SMI-Le
L’égalité de l’accès aux soins de santé est capitale. Elle implique une offre ouverte à tous, bien sûr. Mais également l’adaptation de certains services et la création de passerelles indispensables entre les publics spécifiques et l’institution médicale. Il s’agit donc à la fois de maintenir ouverte la porte de la santé tout en aidant ceux qui en ont besoin à franchir cette porte. Telle est la volonté de SMI-Le. Nous considérons que la santé d'un individu est un tout. Ne pas avoir de blessures physiques, c’est aussi d’être bien psychologiquement, pouvoir s’alimenter, se laver comme il faut, dormir à l’abri, se sentir en sécurité, pouvoir se sentir utile à la société.... Pour être en bonne santé, il est indispensable d'avoir accès à l'hygiène, à l'alimentation ou encore le sentiment de sécurité. Nous prenons le temps d'accompagner nos bénéficiaires vers un mieux-être au quotidien avec écoute, bienveillance, mais surtout avec le sourire. « Le projet SMI-Le est un projet où l’humain et son bien-être sont prioritaires. Lorsque j’ai pris connaissance de ce que Fanny et Camille avaient mis en place, j’ai été très admirative, curieuse et l’envie de les accompagner a été une évidence. J’ai toujours ressenti une crainte vis-à-vis des sans- abris. Marauder en tant que psychologue bénévole est extrêmement riche. Je rencontre des personnes d’une grande gentillesse, attachantes. Mes craintes se sont envolées. Après une maraude, j’ai le cœur rempli, j’ai juste l’envie de retourner dans la rue et de recommencer. Tant que je le pourrai, je continuerai à apporter mon petit caillou a l’édifice que Fanny et Camille sont en train de construire car j’en ressors avec une énergie débordante ». Julie, volontaire Pour en savoir plus, ceci est le lien vers le site de SMI-Le.org Le travail, c’est notre passion. On dit souvent que on donne beaucoup à nos bénéficiaires, mais en fait, eux ils nous donnent personnellement énormément parce qu’on ressort chaque jour avec des leçons humaines. On est avec des gens qui sont extraordinaires. Et c’est vraiment un travail qui nous nourrit de l’intérieur. D’ailleurs on n’a pas l’impression de travailler, tellement c’est un besoin vital pour nous de faire ce qu’on fait.
Fanny On a un sentiment de reconnaissance énorme de leur part, cela fait vibrer, ça fait du bien. Le sentiment d’utilité aussi. Se lever et savoir pourquoi on se lève, ce qu’on va faire et savoir qu’on va être utile à quelqu’un. Camille Poème accroché dans les abris bus de la ville de Besançon pour inviter les passants à sortir de leur bulle, à prendre conscience de la difficulté dans laquelle vivent les personnes sans domicile.
Aux oubliés "Le givre a endurci les traits du quotidien La bise fouette ton visage, enserre ton corps raidi Alors tu hâtes le pas, scandant le même refrain Qu’on maugrée dans les rues : il fait froid aujourd’hui !" Si ton pas se fait vif, c'est qu'il mène quelque part Que tu as un refuge où fuir l'étreinte du vent Dont les assauts furieux se brisent sur les remparts Derrière lesquels, chaque soir, une douce chaleur t'attend [...] Toi qui refuses de voir ce que montre le jour Tu sais bien qu’aucune fleur ne nait déjà fanée Je fus comme toi enfant, ne cherchant que l’amour Dans un monde bien trop grand pour être mon foyer On t’a donné un toit, on m’a jeté dehors Par ce mur qui se dresse entre nous tu ignores Ce que c’est qu’avoir froid et souffrir dans le noir Lorsque la solitude a remplacé l’espoir Charlotte Dubost, Poésies des rues Pour lire le l'intégralité du poème, cliquez ici. Si vous êtes mal à l’aise à l’idée de donner de l’argent, vous pouvez tout à fait demander à la personne ce qui lui ferait plaisir et aller l’acheter vous-même, et il n’y a pas de problème de dire à la personne que vous souhaitez lui offrir autre chose que, par exemple, de l’alcool ou des cigarettes.
https://revedetoit.be/est-ce-quavec-largent-quelles-viennent-de-mendier-les-personnes-sans-abri-vont-acheter-tout-de-suite-de-lalcool/ Il nous arrive parfois, lors de certaines rencontres, de nous trouver face à des refus ou de la colère, car nous ne sommes pas venu·es au bon moment. Nous permettons à la personne d’exprimer cela et lui proposons de revenir plus tard. Notre travail nous permet de prendre du temps avec la personne et de sortir du cadre. Nous pouvons ainsi nous adapter à elle, respecter son rythme et être à l’écoute de ses besoins. https://revedetoit.be/pourquoi-les-personnes-sans-abri-sont-elles-agressives/ Ce qui m’a rendue heureuse,
c’est les gens à qui j’ai rendu service… Charles Wright raconte cette belle rencontre : « Soudain, à l’ombre d’un tilleul, sur un banc, devant une maison, une femme déjà bien engagée dans les avenues de la vieillesse. Elle porte un tablier à fleurs comme les grands-mères dans les campagnes. Indifférente à la canicule et au monde extérieur, la tête inclinée vers le cœur, elle paraît absorbée dans ses pensées ou ses prières, à moins qu’elle soit en train de rembobiner le fil de sa vie. Je m’approche religieusement pour lui demander de l’eau. L’ancienne dévoile un visage de bonté, puis, sans dire un mot, se lève, prend sa canne et nos bouteilles, et marche péniblement, toute courbée, jusqu’à sa cuisine. En revenant chargée d’eau, elle rompt le silence : - Mes petits, j’ai quatre-vingt-douze ans. La mort est devant moi. Quand je repense à ma vie, ce qui m’a rendue heureuse, c’est les gens à qui j’ai rendu service… Les paysans ne se paient pas de mots. Mais l’air de rien, avec cette unique parole, la vieille dame nous a livré son secret, sa perle précieuse. Cette phrase, sculptée par une longue vie traversée de joies et de peines, m’a rappelé la sentence de Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, on sera jugé sur l’amour. » Le chemin des estives, Charles Wright, J’ai lu, avril 2022, p. 67 Partez annoncer à Jean ce que vous avez entendu et vu :
les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts sont réveillés, les pauvres reçoivent l’heureuse nouvelle. Luc 7,22 Ils arrivèrent à Jéricho. Et lorsque Jésus en sortit avec ses disciples et une assez grande foule, Bartimée, le fils de Timée, aveugle et mendiant, était assis au bord de la route.
Comme il entend toute une foule se déplacer, il demande ce que cela pouvait être. On lui annonce : « Jésus le Nazaréen, est de passage ! » Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth il se mit à crier : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! Plusieurs lui faisaient des reproches pour le faire taire ; mais il criait d’autant plus fort. Jésus s’arrêta et dit : Appelez-le. Ils appelèrent l’aveugle en lui disant : Prends courage, lève-toi, il t’appelle. L’aveugle jeta son manteau, se leva d’un bond et vint vers Jésus. Jésus prit la parole et lui dit : Pour toi, qu'aimerais-tu que je fasse ? Rabbouni, lui dit l’aveugle, que je puisse voir de nouveau. Et Jésus lui dit : Va, la confiance qui vient de toi t’a sauvé. Aussitôt il retrouve la vue et se met à accompagner Jésus sur le chemin. (Marc 10,46-52) |
La ballade d’un sans abri
Gilles Vigneault J'avais dix ans, lorsque mon père nous a laissés La vie, c'est un’ forêt d 'misère a traverser Mon frère est parti, militaire Ma sœur, est entrée au couvent A la p’tit’ voil’, faut toujours Faire avec le vent Des cours du soir, un’ bonn’ mémoire J’ pass’ les détails J’ suis devenu un prof d'histoire Un vrai travail ! Un beau matin, un jeun’ tout croche Que mes remarqu’s avaient fâché A sorti un couteau d'sa poche J'ai décroché ! J'étais marié, mais mon divorce a pas tardé La cour… c'était au-dessus d’ mes forces J'ai rien gardé P’us de char, p’us d'heur’ P’us d’comptes à rendre P’us d'examens… P’us rien d' côté T'es dans la rue Tu viens d'apprendre la liberté… Jos, c'est mon chien Un soir d'automne il m'a suivi Quand on a rien On vaut c'qu'on donne Je l'ai nourri Chien sans collier Clochard sans laisse… On se r’ssemblait On s'est r’connus Deux purs bâtards De haut’ noblesse Le coeur tout nu J'l'ai appelé Jos Parc’ que mon frère S'app’lait comm’ ça Marcher au pas C'est un’ carrière Que j'aimais pas P’is y'a des chos’s qu'les chiens comprennent Mieux et plus vit’ que les humains La liberté, l'amour la haine et le destin Pour lire la suite, cliquez ici Qu'est-ce qu'on vaut ?
Drôle d'idée de faire la maraude, de s'occuper de gens comme nous. Au fond, ça me touche vraiment que vous preniez du temps pour nous soutenir. Qu'est-ce qu'on vaut, hein... pour que vous veniez gaspiller vos soirées et vos nuits pour des types qui ne sont plus dans le circuit ? Vous nous prenez encore pour des êtres humains et, franchement, je m'en fiche de voir que vous portez une croix rouge sur votre blouson. Au moins, vous servez à quelque chose. Comme disait l'autre, c'est sans discours ni baratin. Les progrès de l’humanité se mesurent aux concessions que la folie des sages fait à la sagesse des fous. Jean Jaurès Obsèques de Christelle https://memoiredesmortsdelarue.wordpress.com/2020/01/29/christelle-50-ans/?fbclid=IwAR127aaJdsnJOD_yBgqngarUV4kJc7aYN2vylLTOE9Jz2abPlSHhzb_g0UY Christelle n’est pas arrivée à la rue par « hasard » ou à la suite d’un « mauvais choix » de vie. Ce dernier point est souvent avancé par de nombreuses personnes lorsque l’on cherche à expliquer comment d’autres personnes sont arrivées à une situation de rue. Il s’agit d’une trajectoire différente pour chacun-e ; aucune personne n’a le même parcours de vie, les mêmes difficultés, les mêmes accompagnements, les mêmes chances, etc. : la vie de Christelle n’aurait jamais pu ressembler à ce qu’elle a été sans la présence de l’inégalité des chances au sein de nos sociétés, Christelle n’aurait jamais pu mourir de la rue si elle n’avait pas connu tant de ruptures et de violences psychiques et physiques au cours de sa vie, violences conjugales notamment. Intégrer Christelle
Intégrer Christelle et les autres personnes sans-abris dans la communauté humaine, c’est se comporter et accepter ce qui est admis – ou devrait l’être du moins – pour tout autre être humain : que nous sommes des êtres complexes, ambivalents, perclus de contradictions, en perpétuelle évolution de notre premier à notre dernier souffle, et qu’un moralisme dichotomique entre le bien et le mal, le récupérable et l’irrémédiable est bien souvent inadapté pour rendre compte de la réalité en dehors de ces catégories. https://memoiredesmortsdelarue.wordpress.com/2020/01/29/christelle-50-ans/ Le décès de Gillou Nous étions en train d’accrocher une affiche pour signaler la date de ses obsèques quand nous avons été interrogés par une dame : “C’est pour le monsieur arabe du banc ?”. Cette voisine, Catherine Bliaux, connaissait bien “Gillou”. Vivant elle aussi près de la place depuis très longtemps, elle avait pris pour habitude de discuter avec lui, c’était devenu un ami. Elle lui donnait souvent du camembert, un sandwich ou un peu d’argent et il lui rendait la pareille. Il lui avait par exemple récemment donné tout un tas d’orange qu’il avait récupéré sur le marché : “il était très généreux avec les autres même s’il n’avait rien”. C’est cette générosité et cette gentillesse que Catherine a voulu nous partager par son témoignage. https://memoiredesmortsdelarue.wordpress.com/2023/04/20/gilles-dit-gillou-une-vie-a-pernety/ Les chiens, ces compagnons
Qualifiés souvent de compagnons d’infortune, les chiens des sans-abri sont bien adaptés à ce mode de vie malgré des situations à risque indéniables. Depuis ces dernières années, on observe une hausse constante du nombre de personnes sans domicile fixe. On constate parallèlement une nette augmentation du nombre d’animaux familiers, en particulier les chiens, accompagnant ces personnes. C'est bizarre, la manche, t'es content que le type te glisse une pièce dans le gobelet, même si ce sont souvent des femmes, et, au moment où il se penche vers toi, tu éprouves un sentiment de haine envers lui, parce qu'il est à l'aise, qu'il est dans le propre, et ça, au fond, tu ne peux pas le supporter.
Extrait de : « La maraude » Ahmed Kalouaz, éd. Du Rouergue |
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Projet d’un lieu ouvert où se rencontrer pour partager nos recherches de sens.
Voir le document qui est à l'origine des "Dimanches du Houmier"
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Nous sommes quelques personnes désireuses de créer ensemble un lieu où nos différentes conceptions du sens à donner à nos vies et à la vie en société sont mises en dialogue avec les évangiles, les événements du monde, nos lectures, nos rencontres… dans un climat d'écoute et d'échange.
Une forme de célébration qui nous ressource, une halte offerte 4 ou 5 fois au fil de l’année.
Nous nous adressons principalement aux jeunes adultes de 25 à 40 ans.
Pas de pré-requis (être croyant en Dieu…) sauf celui d’être curieux, ouvert, en quête... et convaincu que le partage et la confrontation dans le dialogue permettent de devenir plus autonomes et humains.
Alain HENRY de HASSONVILLE, Charles REUL, Franz HINDRYCKX,
Jacqueline CALEMBERT, Jean DEWANDRE, Joëlle ROIDEAUX, Pierre-Charles LIGOT
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