Vivre avec passion
Qu'est-ce qui vous passionne ? Qu'est-ce qui vous concerne profondément ? Rencontre du 8 octobre 2023 Charles Reul S'enfouir et non s'enfuir !
Charles, notre invité, a été ordonné prêtre à Verviers le 3 juillet 1966. Ordonné ! Je ne sais si ce mot convient. On pourrait plutôt affirmer que Charles s’y retrouve très bien dans son désordre ! Celles et ceux qui ont, après avoir sonné, ouvert la porte du n°1 de la rue de l’Aîte et pénétré dans son bureau, ont pu s’en rendre compte. Mais vous le savez sans doute, les personnes créatives n’ont pas vraiment de désordre, elles ont seulement des idées qui trainent partout. Les Esneutois ont eu bien le temps de rencontrer Charles car Esneux a été son premier mais aussi son dernier poste, il n’a jamais accepté d’être nommé ailleurs. Et il ajoute : Je suis inamovible et casanier. En 57 années il a lié de belles amitiés, rencontré et accompagné de nombreux bonheurs et souffrances. Ça c’est pour le décor. Lors de la rencontre, nous aurons l’occasion de découvrir ce qui anime Charles. J’entrouvre ici ce qui sera l’axe central. C’est une remarque faite un jour par Fernand, un ancien doyen. Il apostrophe Charles en lui disant : « Toi, tu es enfoui ! » S’enfouir ?, s’enfuir ? Nous en saurons bien plus lors de la rencontre ! Alain Reflets de la rencontre
Il est bourru, barbu, encore chevelu, têtu… Il est touchant, intéressant, dérangeant, jamais fainéant.. Il est passionné, attentionné, parfois révolté, toujours aux côtés de… Charles, ce dimanche matin, nous a raconté, pudiquement, comment sa vocation prenait racine déjà dans son enfance où il voyait ses parents se soucier des autres, un aumônier prêter une oreille attentive aux confidences d’un petit scout, des religieux se porter à son secours alors qu’il était maladroitement tombé dans l’étang, le réchauffer et l’habiller avec leur bure… Sur son chemin, se sont trouvés des hommes, des femmes, qui l’ont inspiré, dérangé, aidé à devenir plus humain, un curé chef qui l’a désarçonné et lui a donné l’envie d’être au cœur de ce que les gens vivaient, une équipe de foyer où tout se partageait : les soucis familiaux, professionnels, les questions de foi. Plusieurs personnalités l’ont marqué : Charles de Foucault, le généticien de Duve, et d’autres encore plus proches de nous : Joseph Natalis, son curé Raymond Demarteau. Leurs comportements, leurs actions, leurs réflexions ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui, avide de comprendre le comportement humain et de toujours relier les hommes entre eux, grâce à l’exemple donné par Jésus, celui qui, pour lui, est chemin, vérité et vie. Charles est révolté, énervé, démonté par le système hiérarchique mis en place par l’Eglise, par sa puissance morale et culpabilisante. Son rêve est de rassembler les gens qui se regardent à peine, ou pire, se dédaignent. Par de petites attentions, quelques mots, il lie connaissance avec eux sans pour autant les convaincre mais leur montre une foi qui se différencie de la religion et des dogmes. Une foi qui est un chemin intérieur, une recherche, une foi qui questionne et qui doute. Charles s’est enfui de l’Eglise institution pour s’enfouir dans la vie des hommes, témoigner du message d’amour du Christ, les écouter, les aider, les réconforter. Dans sa paroisse, il avait rêvé que le presbytère soit aussi un resto et un garage. Tout le monde connaît la passion de Charles pour les moteurs ! Avec les uns il aurait réparé ou aurait entretenu les voitures pendant les propriétaires se seraient restaurés. D’accord, il n’a pas réalisé son rêve, mais à Fontin, la porte de son presbytère est toujours ouverte. Aujourd’hui encore, malgré ses problèmes de santé, il veut que l’on sache qu’il est là, qu’il a encore des projets malgré ses limites. Sous sa barbe se cache une très grande volonté d’être avec les autres, parmi les autres, pour les autres. J’ose terminer ces reflets en déformant la chanson de Brel que Charles a choisi pour introduire le geste du partage du pain et du vin… : L’homme dans la Cité. Oui, j’ose et je mettrai au pluriel le mot "homme" car Charles et d’autres sont là, avec nous, et le pourvu n’est plus un souhait mais une réalité ! Pourvu que nous viennent des hommes Aux portes de la Cité Que l’amour soit leur royaume Et l’espoir leur invité. Merci, Charles ! Jacqueline Qui est Dieu pour vous, à ce stade de votre vie ?
Je ne sais pas. Il y a tant de manières de dire Dieu. Pour moi, c’est l’affaire principale aujourd’hui. Que croyons-nous et que donnons-nous à croire ? Que voulons-nous dire quand nous disons « Il s’est fait homme » ? « Il est Dieu né de Dieu », « consubstantiel », « le Père tout-puissant », qu’est-ce que c’est ? Tout cela demande à être retraduit, repensé par honnêteté. J’essaie pour ma part de le nommer tel quel, le moins possible. François Cassingena-Trévedy "Ce n’est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrirons : c’est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, hommes parmi les hommes."
Jean-Paul Sarte, Situations I "D’Héraclite, on rapporte un mot qu’il aurait dit à des étrangers désireux de parvenir jusqu’à lui. S’approchant, ils le virent qui se chauffait à un four de boulanger. Ils s’arrêtèrent, interdits, et cela d’autant plus que, les voyant hésiter, Héraclite leur rend courage et les invite à entrer par ces mots : ‘Ici aussi les dieux sont présents’."
(A 5, 645 a 17). Heidegger commente l’épisode dans ces termes : "La foule importune et curieuse des visiteurs étrangers est déçue et décontenancée au premier coup d’oeil jeté sur l’endroit où le penseur séjourne. Elle croit devoir le rencontrer dans des circonstances qui, s’opposant à l’allure habituelle de la vie des hommes, portent la marque de l’exception, du rare et par suite de l’excitant. Dans cette visite, la foule espère trouver, au moins pour un temps, la matière de bavardages divertissants. Ces étrangers qui viennent rendre visite au penseur s’attendent à le surprendre au moment précis peut-être où, plongé dans une méditation profonde, il pense... Au lieu de cela, les curieux trouvent Héraclite auprès d’un four." Heidegger, Lettre sur l’humanisme, Aubier, p. 141-143. "Je suis convaincu que le christianisme aura (peut-être) une chance de survivre dans le futur, mais seulement à une condition : s’il est capable de retrouver la source originelle de laquelle il a coulé et que la religion a colmatée, et de se mettre exclusivement à la suite de l’homme de Nazareth, en le libérant de l’emprise d’une religion qui l’a séquestré pour le transformer en un chimérique Christ-Fils de Dieu."
Bruno Mori, Pour un christianisme sans religion, Karthala, p. 255 L’Église comme hôpital de campagne
Ce temps est aussi venu pour la chrétienté, pour l'Église et pour la théologie. L’Église devrait être un « hôpital de campagne », comme le pape François le propose. Par cette métaphore, le pape veut dire que l’Église, loin de rester à l’écart du monde dans un splendide isolement, doit plutôt se libérer de ses frontières et apporter de l’aide là où les gens sont physiquement, mentalement, socialement et spirituellement affligés. Tomas Halik, La chrétienté à l'heure de la maladie Nous devons abandonner nos intentions de prosélytisme. Nous n’entrons pas dans le monde des chercheurs pour les "convertir" le plus vite possible et les enfermer dans les limites institutionnelles et mentales existantes de nos Églises. Jésus lui-même, qui était à la recherche des «brebis égarées de la maison d’Israël», ne les a pas ramenées dans les structures du judaïsme de son époque. Il savait que le vin nouveau doit être versé dans des outres nouvelles.
Nous voulons tirer du trésor de la tradition qui nous a été confié des choses nouvelles et anciennes et les intégrer à un dialogue avec les chercheurs, dialogue dans lequel nous pouvons et devons apprendre les uns des autres. Nous devons apprendre à élargir radicalement les limites de notre compréhension de l’Église. Il ne nous suffit plus d’ouvrir magnanimement une "cour des gentils". Le Seigneur a déjà frappé à la porte "de l’intérieur" et il est sorti -et il nous appartient de le chercher et de le suivre. Le Christ a franchi la porte que nous avions verrouillée par peur des autres. Il a franchi le mur dont nous nous sommes entourés. Il a ouvert un espace dont l’ampleur et l’étendue nous donnent le vertige. Tomas Halik, La chrétienté à l'heure de la maladie "Il y a un travail de décapement, d’abandon à faire.
Comment disons-nous aujourd’hui les choses de la foi ? Et c’est là qu’à mon avis est l’immense travail qui nous attend. Bien sûr, il y a les problèmes de gouvernance, ce qui nous retient en ce moment. Mais, notre grand travail : comment disons-nous honnêtement les choses de la foi ? Qu’est-ce que nous voulons dire lorsque nous disons que Jésus est Dieu ? Comment est-ce possible de le dire ? La Trinité ? […] Comment pouvons-nous parler des fins dernières ? La résurrection ? Alors que nous vivons sur beaucoup de mythologie en fait. Il y a énormément de mythologie dans notre discours et dans nos Ecrits. Nous avons besoin de mythologie, c’est vrai, mais il ne faut pas en être dupe." Patrick Royannais Jésus disait à la foule ces paraboles :
"Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache à nouveau. dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède et il achète ce champ." (Aurait-il découvert ce trésor s'il s'était contenté de simplement racler la surface du champ ?) Ou encore : "Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et achète la perle." (Aurait-il pu acquérir la perle de grande valeur s'il ne parvenait pas à se décésir de tout ce qu'il possédait ?) Matthieu 13, 44-58 |
La Quête
Jacques Brel Rêver un impossible rêve Porter le chagrin des départs Brûler d'une possible fièvre Partir où personne ne part Aimer jusqu'à la déchirure Aimer, même trop, même mal Tenter, sans force et sans armure D'atteindre l'inaccessible étoile Telle est ma quête Suivre l'étoile Peu m'importent mes chances Peu m'importe le temps Ou ma désespérance Et puis lutter toujours Sans questions ni repos Se damner Pour l'or d'un mot d'amour Je ne sais si je serai ce héros Mais mon cœur serait tranquille Et les villes s'éclabousseraient de bleu Parce qu'un malheureux Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé Brûle encore, même trop, même mal Pour atteindre à s'en écarteler Pour atteindre l'inaccessible étoile L’Homme dans la cité Jacques Brel Pourvu que nous vienne un homme Aux portes de la cité Que l'amour soit son royaume Et l'espoir son invité Et qu'il soit pareil aux arbres Que mon père avait plantés Fiers et nobles comme soir d'été Et que les rires d'enfants Qui lui tintent dans la tête L'éclaboussent d'un reflet de fête Pourvu que nous vienne un homme Aux portes de la cité Que son regard soit un psaume Fait de soleils éclatés Qu'il ne s'agenouille pas Devant tout l'or d'un seigneur Mais parfois pour cueillir une fleur Et qu'il chasse de la main À jamais et pour toujours Les solutions qui seraient sans amour Pourvu que nous vienne un homme Aux portes de la cité Et qui ne soit pas une baume Mais une force une clarté Et que sa colère soit juste Jeune et belle comme l'orage Qu'il ne soit jamais ni vieux ni sage Et qu'il rechasse du temple L' écrivain sans opinion Marchand de rien Marchand d'émotions Pourvu que nous vienne un homme Aux portes de la cité Avant que les autre hommes Qui vivent dans la cité Humiliés l'espoir meurtri Et lourds de leur colère froide Ne dressent au creux des nuits De nouvelles barricades Pour vous qu’est-ce qu’être prêtre ?
Être prêtre, c’est être habité par un poème. L’Évangile est un grand poème. Être prêtre, c’est rendre ce poème vivant et actuel. C’est pour cela que, maintenant, j’apprécie de travailler avec des artistes, romanciers, cinéastes, peintres, sculpteurs. Ils sont croyants ou non-croyants. Ce sont eux qui expriment le mieux ce poème. Gabriel Ringlet https://baptises.fr/etre-pretre-cest-etre-habite-par-un-poeme Pour vous qu’est-ce c’est qu’un prêtre ? C’est un frère. Je n’aime pas beaucoup qu’on me donne le nom de "Père" ; je suis plus à l’aise quand on me dit : "Pour nous, tu es un frère." Être prêtre, cela me renvoie au Christ. Il a commencé à vivre humainement au sein d’une population, puis il a pris la route. C’est le divin qui passe à travers l’humain. Le Christ n’était pas enfermé dans sa prière quand il faisait son métier de charpentier ou jouait aux billes avec les autres enfants de son village. Un prêtre de 94 ans https://baptises.fr/entretien-avec-un-pretre-de-94-ans-une-vie-au-service-du-monde-rural Pour vous, qu’est qu’être prêtre ? On n’est pas prêtre, on devient prêtre, on apprend tout au long de sa vie. Être prêtre, c’est annoncer l’Évangile mais pas seulement par des sermons et de la théologie, mais surtout par une parole vivante et par des actions par lesquelles on témoigne... Je sais que je parle beaucoup. Alors j’ai laissé tomber les sermons écrits. Je ne supportais plus les homélies lues sans conviction. Je réfléchissais beaucoup à l’Évangile et j’adaptais ma parole selon le lieu dans lequel je me trouvais, en étant le plus concret possible afin d’être compris. Être prêtre c’est être au service. On est nommé pour une paroisse, une communauté donnée, pour prêcher l’Évangile, donner les sacrements. Plus largement il s’agit de rejoindre les gens et tous ceux qui ne viennent pas à l’Église, de leur faire découvrir Jésus-Christ et de leur donner une piste pour être plus heureux. J’ai été tellement heureux comme prêtre ! Abbé Rohr https://baptises.fr/homme-et-pretre |
Contacts :
Alain et Jacqueline HENRY de HASSONVILLE
04/344.48.81
[email protected]
Charles REUL
04/380.39.11
[email protected]
Joëlle ROIDEAUX
joelle.roideaux@hotmail.com
Franz HINDRYCKX
franz.hindryckx@skynet.be
Pierre-Charles LIGOT
[email protected]
Projet d’un lieu ouvert où se rencontrer pour partager nos recherches de sens.
Voir le document qui est à l'origine des "Dimanches du Houmier"
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Nous sommes quelques personnes désireuses de créer ensemble un lieu où nos différentes conceptions du sens à donner à nos vies et à la vie en société sont mises en dialogue avec les évangiles, les événements du monde, nos lectures, nos rencontres… dans un climat d'écoute et d'échange.
Une forme de célébration qui nous ressource, une halte offerte 4 ou 5 fois au fil de l’année.
Nous nous adressons principalement aux jeunes adultes de 25 à 40 ans.
Pas de pré-requis (être croyant en Dieu…) sauf celui d’être curieux, ouvert, en quête... et convaincu que le partage et la confrontation dans le dialogue permettent de devenir plus autonomes et humains.
Alain HENRY de HASSONVILLE, Charles REUL, Franz HINDRYCKX,
Jacqueline CALEMBERT, Jean DEWANDRE, Joëlle ROIDEAUX, Pierre-Charles LIGOT
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