Les dimanches du Houmier 2021-2022Le thème :
Vivre avec passion Qu'est-ce qui vous passionne ? Qu'est-ce qui vous concerne profondément ? Dimanche 16 janvier 2022, 10h15-12h L'invitée : Gwendoline Loosveld AMOURIR
Avec Gwendoline, nous vivrons une rencontre que nous espérons pleine de vie. Ce dimanche du Houmier sera en tous cas surprenant et surtout très actif car Gwendoline compte bien nous associer à ce qui est au coeur de son futur métier. Je ne vous en dis pas plus. Reflet de la rencontre
Un mot nouveau est arrivé : Amourir En ce dimanche matin, gris, brumeux, où les masques cachent les visages, Gwendoline nous rassemble pour parler d’un sujet douloureux, inquiétant, angoissant, dont on ne parle pas volontiers aujourd’hui : la mort. Mais Gwendoline a décidé, depuis longtemps déjà, que la mort, elle voulait l’apprivoiser et apprendre aux autres que cette étape ultime ils pouvaient en faire un moment de vie essentiel. Et quand Gwendoline a décidé… Elle commence par un geste symbolique en nous présentant une longue corde d’alpinisme qu’elle nous invite à passer de main en main pour nous relier les uns aux autres. Nous l’avons gardée tout au long de l’entretien. Tour à tour sérieuse, philosophe, ironique ou tout simplement humaine, Gwendoline nous montre combien l’image de la mort a évolué au fil des siècles. Autant elle était visible auparavant, autant à notre époque, elle fait peur, est cachée, au plus vite oubliée, cédée aux mains d’entreprises, certaines plus avides de gain que de lien, faisant ainsi le lit de l’angoisse existentielle et la rendant encore plus douloureuse. Gwendoline a alors inventé un très beau mot : "amourir" qui tinte gaiement dans la pièce où nous sommes installés. Amour et mort s’unissent pour nous faire vivre l’événement dans l’émotion et le partage, pour que les liens se tissent plus fort encore et que le départ ne soit pas vécu uniquement dans la douleur et la tristesse mais dans une communion qui apporte consolation et réconfort. Elle nous a proposé de nous mettre en duo et de nous parler spontanément de notre ressenti de la mort. Chacun devait retenir un mot de ce que son vis-à-vis lui avait confié… Comme on a pu le constater, revenaient souvent les mêmes phrases : perdre les liens, ne pas mourir seul(e), pouvoir dire au-revoir, mais certains ont aussi parlé de retrouvailles, de banquet, de traces… Intérioriser la mort, nous dit Gwendoline qui achève son parcours de future sage femme de la fin de vie, c’est la préparer à tous points de vue, du plus matériel au plus spirituel. Si l’on est dans cet état d’esprit, on opte alors pour des choix plus vivants, pendant toute notre vie et pas seulement dans les derniers instants. Passionnée par ce sujet, Gwendoline veut créer des ateliers ludiques et créatifs qui aideront à adoucir la mort pour tous ceux qui s’en approchent mais aussi pour la famille. Surtout pour les jeunes, nous confie-t-elle. Au début de la rencontre, Barbara nous chantait, dans Nantes, un rendez-vous manqué, une fille qui n’est pas arrivée à temps pour recueillir le dernier soupir de son père… Les mots et les idées de Gwendoline, ses exemples et ses expériences, ses rires et ses larmes nous incitent à ne pas manquer ce rendez-vous, sans doute le plus important de notre vie. Merci, Gwendoline, de nous avoir donné le privilège d’appréhender la mort autrement. Jacqueline Pour vivre il nous faut réapprendre
à dialoguer avec la mort En hébreu "la vie" n’existe pas au singulier : il y a une impossibilité dans nos vies a n’en avoir qu’une seule. Une expression dit en français : "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une." Il est intéressant de voir que l’hébreu dit exactement l’inverse : "La vie ne commence que quand tu comprends que tu en as plusieurs." Il faut accepter que la mort nous rende visite. Pour qu’une autre vie commence. "Pour vivre il nous faut réapprendre à dialoguer avec la mort" Delphine Horvilleur https://www.letemps.ch/societe/delphine-horvilleur-vivre-faut-reapprendre-dialoguer-mort "Il faut parler de la mort quand tout va bien, « quand il fait beau », pour mieux vivre précisément… laisser grandir la mort en soi n’est pas une chose triste, loin de là, mais une manière de mieux vivre l’instant présent." Gabriel Ringlet "Parlez-nous de la mort"
Alors Almira parla, disant : nous voudrions maintenant vous questionner sur la mort. Et il dit: Vous voudriez connaître le secret de la mort. Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie? La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière. Si vous voulez vraiment contempler l'esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur «au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l'océan sont un. Dans la profondeur de vos espoirs et de vos désirs repose votre silencieuse connaissance de l'au-delà; Et tels des grains rêvant sous la neige, votre cœur rêve au printemps. Fiez-vous aux rêves, car en eux est cachée la porte de l'éternité. Votre peur de la mort n'est que le frisson du berger lorsqu'il se tient devant le roi dont la main va se poser sur lui pour l'honorer. Le berger ne se réjouit-il pas sous son tremblement, de ce qu'il portera l'insigne du roi? Pourtant n'est-il pas plus conscient de son tremblement? Car qu'est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre au soleil ? Et qu'est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu'il puisse s'élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ? C'est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment. Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter. Et lorsque la terre réclamera vos membres, alors vous danserez vraiment. Khalil Gibran, Le prophète Etre en vie"
ou "Avoir en soi la vie" Jean, dans son évangile, fait une distinction importante entre "être en vie" et "avoir en soi la vie". Cela correspond à deux mots grecs différents. "Être en vie", c’est être animé, posséder le souffle de vie. Ce qui s’appelle psuché en rapport avec le nephesh hébreu. "Avoir en soi la vie" c’est avoir la vie en sa plénitude. C’est ce que Jean appelle zôé. On retrouve cette distinction dans l’épisode du bon berger (Jn 10) qui donne (dépose, sacrifie) sa vie (psuché) pour ses brebis et qui est prêt à mourir pour elles afin qu’elles aient la vie en abondance (zôé). Jean joue sur les mots lorsqu’il fait dire à Jésus, au chapitre 12, 25 : "Qui aime sa vie (psuché) la perd et qui hait sa vie (psuché) en ce monde la garde pour une vie (zôé) qui ne meurt pas". C’est la clé de compréhension de tout l’évangile de Jean lorsqu’il dit qu’il a écrit "pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, croyant, vous possédiez la vie (zôé) en son nom" (Jn 20, 31). C’est vraiment le dernier mot de la pensée de Jean. Car "avoir en soi la vie" est ce qui définit Dieu, aussi bien que son Fils, et les lie l’un à l’autre : "Comme le Père a en soi la vie, de même il donne au Fils d’avoir en soi la vie" (Jn 5, 21). Pour François Jullien, cette question de la vie surabondante est "tombée aujourd’hui, par retrait contemporain du religieux, sous la coupe de ce que l’on appelle le “Développement personnel” mêlant des conseils d’hygiène à de la spiritualité à bon marché et faisant son commerce de ce qui n’est plus ni l’un ni l’autre" (p. 59). François Jullien invite alors à lire le récit de la Samaritaine avec la clé de la vie surabondante (p. 63). Dans son dialogue avec cette femme, Jésus demande l’eau du puits pour combler sa soif, pour son "être-en-vie" mais en retour Jésus donne l’eau vivante : "Jésus lui répondit : “Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : donne-moi à boire, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné l’eau vivante (zôé)” » (Jn 4, 10). Cette eau deviendra (egeneto) source jaillissant en vie éternelle (zôé aiônios). "Les paroles que je vous dis, poursuit le Christ dans Jean, sont esprit et sont vie (zôé)" (Jn 6, 63). Présentation du livre "Les ressources du christianisme" de François Jullien, par Hubert Herbreteau https://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/culture/455624-francois-jullien-ressources-du-christianisme/ |
C'est le regard qu'on porte sur les choses qui peut changer la manière dont on les vit...
La mort est porteuse de tristesse, mais c'est aussi un point de départ pour reconsidérer son existence, se dire que la vie est incroyable." Christophe Fauré https://www.lalibre.be/debats/opinions/2021/08/11/la-mort-permet-de-comprendre-le-sens-profond-de-sa-vie-CN33EIAG2RETRBKE6LW5S3BJAE/ Je voulais parler de la mort, mais la vie a fait irruption, comme d'habitude. Virginia Woolf, Journal intégral : 1915-1941 Il est certain que les humains ont besoin de jouer avec la vie, en donnant la mort et en jouant à être mort. Tous les enfants jouent à être morts et à donner la mort. Justement parc qu'ils sont dans la vie, et ils ont tout à fait raison parce que c'est en donnant la mort imaginaire que la vie, dans sa réalité, prend tout son sens, toute sa verdeur, seulement c'est une mort imaginaire. "Pan pan ! je te tue. - Ah, ça y est, je suis mort ! Françoise Dolto, Parler de la mort, Mercure de France "Les vivants
ferment les yeux des morts. Les morts ouvrent les yeux des vivants." Marie-Christine Barrault Vers qui pouviez-vous vous tourner ? Certainement pas vers ma mère, réfractaire à toute discussion d’ordre intime. Mon réflexe, après une nuit de sanglots, a été de me précipiter à mon collège, où je suis tombée dans les bras de ma professeure de maths, une religieuse d’une extrême bienveillance. C’est la première personne avec qui j’ai pu parler de ce décès et du mystère de la mort qui me cueillait par surprise et ne m’a d’ailleurs plus quittée. Pourquoi la mort ? Comment la mort ? Jusqu’où la mort ? Encore aujourd’hui, je reste d’une curiosité folle sur ce sujet. Il m’obsède mais ne m’angoisse pas. Car la religieuse, ce matin de novembre 1958, m’a fait cadeau d’une réflexion qui est devenue MA phrase : "Les vivants ferment les yeux des morts. Les morts ouvrent les yeux des vivants." De quelle façon ? Ils leur ouvrent une fenêtre sur l’au-delà, les obligent à s’élever au-dessus des distractions terrestres pour scruter des ténèbres qu’ils illuminent. En fait, ils nous apprennent à vivre ! Ils sont vivants en nous qui les avons aimés. C’est un bel endroit pour continuer à vivre… Et je sais que les êtres avec qui nous étions en fusion continuent de nous tenir la main. Vous vous rendez compte ? C’est quand même pas mal d’avoir des relations dans l’au-delà ! L’amour partagé avec eux ne disparaît pas avec leur dépouille corporelle. Il subsiste, enchante, galvanise. Quelle ânerie que l’expression "il a rendu l’âme" ! Mais voyons ! C’est son malheureux corps qu’il a rendu, justement pas son âme. Elle continue de vivre, à la fois proche et éternelle. C’est un sujet passionnant, la mort. C’est même le seul sujet qui importe. * Dans cet entretien publié dans le journal Le Monde le 16 janvier 2022, l’actrice Marie-Christine Barrault revient avec émotion sur son enfance qu’elle qualifie d’âpre et de difficile… Elle évoque aussi avec justesse et sensibilité le mystère de la mort rencontré très jeune… Vous pouvez lire un plus large extrait de l'entretiens en cliquant sur ce lien. "Je vais mourir, bientôt" : malade, Axel Kahn publie une lettre d'adieu. Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir – je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt. Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écrit que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien. Il a fallu pour cela que je réussisse à "faire mon devoir", à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. À La Ligue, j’ai le sentiment d’avoir fait au mieux. Mon travail de transmission m’a beaucoup occupé, aussi. Je ne pouvais faire plus. Je suis passé de la présidence d’un bureau national de La ligue le mardi matin à la salle d’opération l’après-midi. Presque idéal. Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis. Axel Kahn, 21 mai 2021 Nantes
Barbara Il pleut sur Nantes Donne moi la main Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin Un matin comme celui-là Il y a juste un an déjà La ville avait ce teint blafard Lorsque je sortis de la gare Nantes m’était alors inconnue Je n’y étais jamais venue Il avait fallu ce message Pour que je fasse le voyage Madame soyez au rendez-vous Vingt cinq rue de la Grange aux Loups Faites vite, il y a peu d’espoir Il a demandé à vous voir À l’heure de sa dernière heure Après bien des années d’errance Il me revenait en plein cœur Son cri déchirait le silence Depuis qu’il s’en était allé Longtemps je l’avais espéré Ce vagabond, ce disparu, Voilà qu’il m’était revenu Vingt cinq rue de la Grange aux Loups Je m’en souviens du rendez-vous Mais j’ai gravé dans ma mémoire Cette chambre au fond d’un couloir ... Cliquer ici pour lire la suite des paroles de la chanson |
Nous sommes quelques personnes désireuses de créer ensemble un lieu où nos différentes conceptions du sens à donner à nos vies et à la vie en société sont mises en dialogue avec les évangiles, les événements du monde, nos lectures, nos rencontres… dans un climat d'écoute et d'échange.
Une forme de célébration qui nous ressource, une halte offerte 4 ou 5 fois au fil de l’année.
Nous nous adressons principalement aux jeunes adultes de 25 à 40 ans.
Pas de pré-requis (être croyant en Dieu…) sauf celui d’être curieux, ouvert, en quête... et convaincu que le partage et la confrontation dans le dialogue permettent de devenir plus autonomes et humains.
Alain HENRY de HASSONVILLE, Charles REUL, Franz HINDRYCKX,
Jacqueline CALEMBERT, Jean DEWANDRE, Joëlle ROIDEAUX, Pierre-Charles LIGOT
Une forme de célébration qui nous ressource, une halte offerte 4 ou 5 fois au fil de l’année.
Nous nous adressons principalement aux jeunes adultes de 25 à 40 ans.
Pas de pré-requis (être croyant en Dieu…) sauf celui d’être curieux, ouvert, en quête... et convaincu que le partage et la confrontation dans le dialogue permettent de devenir plus autonomes et humains.
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Contacts :
Alain et Jacqueline HENRY de HASSONVILLE
04/344.48.81
[email protected]
Charles REUL
04/380.39.11
[email protected]
Joëlle ROIDEAUX
joelle.roideaux@hotmail.com
Franz HINDRYCKX
franz.hindryckx@skynet.be
Pierre-Charles LIGOT
[email protected]
Projet d’un lieu ouvert où se rencontrer pour partager nos recherches de sens.
Voir le document qui est à l'origine des "Dimanches du Houmier"
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